Le conte des 3 portes... sur le chemin de la Vie

Publié le par Cristalange

Un petit conte philosophique pour commencer la semaine...


Un Roi avait un fils unique, jeune Prince courageux, habile et intelligent mais encore très idéaliste sur les choses de la Vie. Pour parfaire son apprentissage, il décida de l’envoyer auprès d’un Vieux Sage.

 



- Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie demanda le Prince.

- Mes paroles s’éffaceront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques directions. Sur la route de ta Vie, tu trouveras trois portes. Lis bien ce qu’il est inscrit sur chacune d’entre elles. Un besoin irrépressible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne peux pas t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela au fond de toi, dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant, suis cette route, droit devant toi, on se retrouvera plus tard…

 


Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie.

Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire "CHANGE LE MONDE".

- C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent bien dans ce monde, d’autres ne me conviennent alors pas du tout !

 

Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon ses souhaits et ses idéaux. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Et les années passèrent.

 

Un jour il croisa à nouveau le chemin du Vieil Homme qui lui demanda :

- Qu’as-tu appris sur le chemin ?

- J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas.

- C’est bien, dit le Sage. Utilise ton énergie et tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise. Et il disparut.

 


Peu après, le Prince se trouva face à la seconde porte. On pouvait y lire "CHANGE LES AUTRES"

- C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère, à imposer un peu plus de moralité et à extirper leurs travers et défauts. Ce fut là son deuxième combat. Et les années passèrent.

 

Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, le Vieux Sage apparut qui lui demanda :

- Qu’as-tu appris sur le chemin ?

- J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses.

-Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. Et le Vieil Homme disparut.


Peu après, le Prince arriva devant la troisième porte où figuraient ces mots "CHANGE-TOI TOI-MEME".

- Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire se dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.

 

Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :

- Qu’as-tu appris sur le chemin ?

- J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser.

- C’est bien dit le Sage.

- Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise...

- C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. Et il disparut encore une fois.

 

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait "ACCEPTE-TOI TOI-MEME." Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. Quand on combat on devient aveugle, se dit-il. Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.

 

Il rencontra le Vieux Sage qui lui posa encore et toujours la même question :

- Qu’as-tu appris sur le chemin ?

- J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement.

- C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisième porte.

 


A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut "ACCEPTE LES AUTRES". Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu.

 

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage.

- Qu’as-tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.

- J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement…

- C’est bien dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

 


Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut "ACCEPTE LE MONDE". Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ?

 

Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :

- Qu’as-tu appris sur le chemin ?

- J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là; il existe; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à l’accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement.

- C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde.

 


Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.

- Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence. Et le Vieil Homme disparut.



Bonne semaine à tous!





Publié dans Pensée(s) du jour

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